Orkhestra International

BENOIT DELBECQ, piano préparé

BENOIT DELBECQ multiplie les pistes pour peut-être mieux les brouiller. Depuis la fin des années 80, ce pianiste, improvisateur et compositeur, s’est imposé comme l’un des défricheurs les plus originaux et stimulants de notre époque. Son univers musical puise à des sources variées : l’harmolodie d’ORNETTE COLEMAN, la précision et la rigueur rythmique d’un autre COLEMAN, STEVE, avec qui il étudié. Ses références en matière pianistique sont aussi bien THELONIOUS MONK, CECIL TAYLOR, MAL WALDRON que CAGE, LIGETI ou SCELSI. Ce sont devant les 88 touches de son clavier que BENOIT DELBECQ s’est retrouvé pour enregistrer un premier opus en solitaire. Au piano, il cisèle de petites formes en métamorphose permanente, motifs étirés, superposés et mélodies sinueuses. Il façonne ainsi une musique réveuse fortement poétique, tout en entrelacements complexes, miroitements infimes et subtiles jeux de textures. D’où l’émerveillement produit par ce disque, pour autant que l’on accepte d’être émerveillé, de se laisser surprendre, de ne pas se limiter confortablement aux paysages sonores connus.

BENOIT DELBECQ, piano préparé

Héritier des expérimentations de BARTOK (cf la suite “En plein air”) comme de CAGE, BENOIT DELBECQ accueille en son piano préparé tout un instrumentarium d'outils plus ou moins “customisés” : gommes sculptées, bouts de bois à insérer entre les cordes, anches de saxophones, etc. Certaines de ces prothèses sont criblées de punaises afin d'obtenir les résonances de type “sanza ”, le piano à pouces des griots. La réverbération qu'on croit rapportée artificiellement est déclenchée par la troisième pédale afin de créer des résonances sympathiques au sein de la table d'harmonie (résonance naturelle en fait des dix cordes les plus graves, aux étouffoirs que la pédale tonale libère lorsqu’enfoncée). Le jeu du pianiste se situe à mi chemin entre l'avant-garde classique et le jazz (MONK, WALDRON, IBRAHIM, etc) sur ce disque bienheureusement réédité, récompensé  du Grand Prix International du Disque de l'Académie Charles Cros en 2010.

Comme dans les autres disques de BENOIT DELBECQ, improvisations et compositions semblent flotter dans un rêve continu où le jazz et les musiques nouvelles se rencontrent. Le piano contemplatif de BENOIT DELBECQ lorgne vers CAGE, LIGETI où les polyrythmies africaines. L’approche de HOULE s’inspire d’EVAN PARKER et possède un lyrisme mélodique exceptionnel. Sophistiqué, évocateur, frais et habile.

FRANÇOIS HOULE, clarinettes / EVAN PARKER, saxophone ténor / BENOîT DELBECQ, piano préparé

BENOîT DELBECQ et FRANÇOIS HOULE parlèrent à l'époque d'élargir leur duo avec un troisième musicien. Aussi lorsque MICHEL FRIGON les invita à se produire à Montréal avec EVAN PARKER, saisirent-ils l’occasion d’enregistrer ce trio. C'est en assemblant ses particularismes sonores que la construction de nature impressionniste brosse un paysage d’une intemporelle beauté.

BENOIT DELBECQ, piano / MILES PERKIN, contrebasse / EMILE BIAYENDA, batterie, percussions

Une surprise pour ceux qui pensaient que le seul trio piano-contrebasse-batterie (cf le disque The Sixth Jump) de BENOIT DELBECQ avait cessé son activité suite au décès de JEAN-JACQUES AVENEL. Le Canadien MILES PERKIN le remplace à l'archet levé, interagissant comme portant à faux avec le piano préparé (ce dernier renvoyant aussi bien à LIGETI qu'aux sanzas pygmées) et les séquences percussives du batteur congolais, EMILE BIAYENDA. INK est un livre de musique conçu à partir de calligrammes dessinés à la plume. Delbecq utilise les signes calligraphiques pour symboliser de petites ou grandes formes comme autant de mots, phrases ou rythmes. Ils viennent s'amonceler ou s'éparpiller en des dispositions multicolores puis, après les avoir déposés sur le papier et observé d'intuitifs calculs de proportions, il développe l'écriture des mélodies, le timbre et le pouls propre à chaque morceau. Ainsi les compositions consistent en des miroirs à multifacettes qui provoquent des teintes, mélodies et rythmes inédits, et savent poser un équilibre collectif à la fois savant et ludique, entre écriture, oralité, et improvisation.