Le style de BILL ORCUTT a souvent été rapproché de l'american primitivism (JOHN FAHEY, ROBBIE BASHO, LEO KOTTKE) bien qu'accueillant des couleurs timbrales en provenance de la no wave, du punk hardcore ou de l'improvisation libre européenne. Pour mémoire son premier groupe, HARRY PUSSY, se produisit souvent en première partie de SONIC YOUTH ou SEBADOH dans les années 90. Bien qu'aperçu, depuis son retour à la scène en 2009, en compagnie de LOREN MAZZACANE CONNORS, CHRIS CORSANO ou PETER BROTZMANN, c'est en solo absolu que l'art d'ORCUTT s'épanche avec le plus de relief, relevant d'une approche sensible qui fait la part belle à la spatialisation des sons. Son second album solo de guitare électrique emprunte son titre à celui du film noir de 1959 de ROBERT WISE et dont le MODERN JAZZ QUARTET écrivit la bande-son. Il a été, hormis trois morceaux multi-pistes, enregistré dans le propre salon du guitariste cueillant la source à même son Fender Twin. Entre authenticité folk-blues (on pense à JOHN LEE HOOKER, ELMORE JAMES, JOHN MAYALL, RICHARD THOMPSON) et feedbacks exacerbés (THIS HEAT, ILLITCH).